COMMENT COMPOSER EN GROUPE ?
Vous tournez en rond en répétition lorsqu’il s’agit de composer ?
Vous avez l’impression de perdre du temps pendant la phase de composition ?
Vous voulez sortir de votre zone de confort ? Vous n’êtes pas organisé ?
Voici la méthode complète pour composer en groupe.
UN MODE D'EMPLOI ÉTAPE PAR ÉTAPE.
Une séance créative dédiée à la recherche d'idées musicales en groupe.
ou comment trouver un maximum d'idées en un minimum de temps...
Vous allez découvrir comment composer en groupe efficacement.
C'est quoi des méthodes de créativité ?
Il s’agit de méthodes utilisées dans des domaines très variés (du design à l’écriture, en passant par la publicité et la résolution de problèmes). Les références dans ce domaine sont Edward de Bono, Luc de Brabandere, etc.
La créativité est l’art de produire des objet nouveaux.
Je cite ici Guy Aznar : « La créativité est un conflit, une dialectique entre deux pôles : l’éloignement imaginaire et les contraintes de la réalité,… »
Ces techniques de création sont ADAPTÉES À TOUS LES MUSICIENS, confirmés ou débutants.
C'est quoi une séance créative ??
La séance créative est une répétition de groupe dédiée à la création et composition. L’appellation Séance de composition collective fonctionnera tout aussi bien.
C’est une session, une rencontre, pendant laquelle un groupe de musiciens va travailler ensemble pour faire émerger des idées musicales collectives. C’est une méthode qui permet de donner des solutions à des situations de composition, de ne plus perdre de temps. On peut ainsi, par exemple, générer des idées musicales en grande quantité. Ces idées seront développées ultérieurement pour aboutir à des pièces, à des morceaux achevés.
Dans la créativité, il y a deux phases principales :
1 / La phase de divergence : la phase où l’on s’autorise le fait de partir très loin, de s’éloigner. C’est une phase où toutes les idées émergent. La quantité est recherchée,
2 / La phase de convergence : on revient vers la réalité, et on fait le tri et on fait évoluer les idées en fonction de l’objectif de départ.
Des idées musicales !?? C'est flou, non ?
Ce que j’appelle « idées musicales » regroupe plusieurs choses. Quelques exemples seront plus parlants.
Grâce à une séance créative, on peut viser et obtenir par exemple : 15 refrains différents pour un prochain album, 10 versions totalement différente de la même chanson, un thème de spectacle, etc.
Je le rappelle encore mais, l’objectif de cette répétition créative est de disposer d’une grande quantité de matériaux de base. Les versions abouties seront achevées à un moment ultérieur.
VOUS TROUVEREZ PLUS D'IDÉES EN 4 H QU'EN 1 MOIS DE RÉPÉTITIONS !
Est-ce que cela fonctionne vraiment ?
OUI ! Composer en groupe est possible. Mais cela nécessite de prendre conscience que faire une répétition de groupe ou d’ensemble dédiée à la création et à la recherche d’idée repose sur quelques principes :
Une séance se construit avec un cadre et des règles,
Une séance dédiée à la création est une véritable session de travail musical menée par un leader,
Les méthodes et la durée doivent être définies en amont,
Les participants doivent être volontaires et dynamiques,
Il faut accepter que tous les musiciens puissent avoir des fonctionnements différents et des habitudes en terme de méthode de compositions (écrire une partition, à l’oreille, etc.). Il y aura donc certains outils qui ne leur parleront pas.
Déroulement d'une séance créative.
Une séance se déroule en trois phases.
La préparation de la séance : on définit les objectifs de la séance, le fonctionnement, les règles, le lieu, etc.
La séance : on passe par plusieurs étapes de création : L’échauffement , la divergence des idées, et enfin la convergence vers le ou les objectif définit avant la séance.
L’après séance : on trie les idées, les propositions. On développe ensuite les idées sélectionnées pour en faire des créations artistiques abouties.
PHASE 1 : LA PREPARATION DE LA SEANCE
La préparation de la séance se fait avec tout le groupe, en amont. On peut prendre une demi-heure pour préparer la séance créative, mais il est important d’impliquer tout le groupe et de faire cela AVANT le jour J !
Étape 1 : Définir le ou les objectifs.
Cette étape est essentielle car elle permet de donner du sens à la séance. Que cherchez vous ?
C’est n’est pas tout de vouloir se lancer dans la création, mais cela impose de savoir s’organiser. Il faut penser chacune des étapes afin d’avoir une véritable répétition de travail qui apporte un résultat : que souhaitez-vous ?
Voulez vous composer une chanson complète ? Trouver des bases de travail pour un album ?
Un objectif, c'est d'abord solutionner un problème.
Oui mais attention !
Cette séance n’est pas consacrée à l’arrangement !
Cette séance n’est pas une séance de studio,
Cette séance le moment où on fait des choix. Il faut suspendre son jugement.
Un article intéressant sur la nécessité de suspendre son jugement : ici
Une erreur fréquente à éviter : ne pas avoir d'objectif !
Une des principales erreurs est de ne pas avoir d’objectif.
J’ai fais cette erreur à mes débuts, en animant un groupe de musicien, et en omettant de fixer un objectif avec eux. Je m’étais focalisé principalement sur les outils. Résultat ? ils ont découverts des méthodes agréables, ils ont passés un bon moment, mais ils ne s’étaient pas rendus compte de l’extraordinaire potentiel de ces outils de composition car il n’étaient pas dans une attitude de recherche particulière. Les outils doivent être au service d’une recherche, d’une attente.
Comment fait-on pour choisir notre objectif ?
Plusieurs méthodes :
On en parle et on écrit l’objectif,
On fait un brainstorming et on classe nos idées en fonction de leurs priorités.
On fait le point sur notre actualité et on cible les prochaines échéances :
- L’album à enregistrer dans 2 mois,
- Le concert de fin d’année de l’orchestre du conservatoire,
- L’écriture des textes des prochains morceaux.
etc,
N’hésitez pas à concasser l'objectif en petits fragments !
Il sera parfois nécessaire de concasser l’objectif en sous-objectifs.
Exemple : L’idée première de l’orchestre ‘Die moi’ était de trouver ce qu’ils allaient jouer à la fête des vendanges : Il y avait là plusieurs questions distinctes : quelle répertoire vont-ils jouer ? Faire des compositions pour l’événement ? Quelle thématique visuelle ? Il y a là plusieurs objectifs très différents.
On ne peut pas tout aborder en une seule séance.
Reformulez votre problème !
Je n’ai rien inventé, Léonard de Vinci pensait qu’il fallait apprendre à le reformuler de plusieurs façon pour cerner correctement un problème.
Exemple : « On veut composer une introduction instrumentale pour notre album «
On peut reformuler cela de plusieurs manière :
On souhaite capter l’attention de l’auditeur de manière inattendue,
On souhaite marquer émotionnellement l’auditeur dès la première note,
On veut casser les codes d’un début d’album
On voit que les objectifs sont différents, par conséquent, on voit que les recherches n’iront pas forcement dans les mêmes directions.
Avoir des objectifs réalistes.
Quoi de pire que décevoir le groupe ? Être réaliste dans les objectifs permet de ne pas générer d’attentes que vous ne pourriez satisfaire.
Donner un nom à la séance.
Cela permet déjà de se projeter dans la séance.
Soyez convainquant avec le pianiste (ou le saxophoniste, chanteur, etc.) hostile à cette séance !
Si vous en êtes ici dans la lecture de cet article, c’est que êtes un minimum convaincu de l’intérêt d’une telle séance pour votre groupe ou votre orchestre. Mais ce ne sera pas forcement le cas de tout le monde. Les gens sont différents. Il n’est pas évident pour tout le monde de comprendre les enjeux d’une telle session. Composer en groupe, n’est pas évident pour tout le monde.
Définir la durée de la session.
Faire une séance trop courte, ne permettrait pas d’obtenir de résultats. Il risque d’y avoir de la déception. Pas de séance en dessous de moins de 3h.
La durée est fixée, on voit maintenant les rôles de chacun.
Étape 2 : Choisir le Leader.
Le leader ! L'animateur ! Le Berger !
Le leader ou l’animateur du groupe, va être l’élément clef de la réussite de la séance. Il est indispensable.
Composer en groupe, oui, mais avec une direction.
Il va mener la séance, être le garant du timing, favoriser la discussion. Le leader peut-être un des musiciens du groupe. Dans ce cas, il risque faut savoir qu’il sera moins impliqué dans la phase de créativité à proprement parler. Il est toutefois possible de désigner un leader animateur pour la première partie de séance, et un autre pour la fin.
Il y a là deux choix possible : sois un des musiciens du groupe, soit une personne extérieure.
Le leader est un musicien du groupe : Il faut que l’animateur soit volontaire, dynamique et à l’aise. Il doit assumer un double rôle : celui d’animateur de séance et musicien à la fois.
Le leader est une personne extérieure au groupe : c’est la même chose, en terme de volontariat de dynamisme et d’aisance.
Une séance avec un leader extérieur est plus facile à mener.
LE LEADER EST LE GARANT DE LA RÉUSSITE DE LA SÉANCE !
D’une manière générale, le leader doit se réinitialiser, se mettre en posture d’ouverture et de bienveillance. Un groupe a des habitudes, il faut changer les a priori sur les personnes et sur leurs capacités. Cette séance est une parenthèse sur le passif du groupe. Mais ce n’est pas non plus une thérapie !
Le Leader animateur doit être volontaire, et mener la répétition avec envie. Sinon, tous les efforts seront inutiles.
Vous savez maintenant ce que que vous cherchez ? On passe aux histoires de logistiques, de locaux et d’agenda !
Étape 3 : définir le lieu, les besoins matériels et la durée !
ON VA OÙ ?
Changez de lieu, sortez de votre salle de répétition pour cette séance. Un lieu différent induira une posture différente, une perte agréable de repères. Ce lieu sera générateur de stimuli. Tout cela aide à sortir du cadre de pensée. L’idéal pour cela est de disposer de au moins deux pièces séparées. En effet, il sera parfois question de séparer les membres du groupe en sous groupe. Si ce n’est pas possible, ce n’est pas grave.
Il est important qu’il n’y ai pas de spectateurs ! UNIQUEMENT LE GROUPE et le leader, s’il ne fait pas parti du groupe.
Un autre aspect important est de préparer le lieu à une démarche créative, on peut avoir des cartes de relance d’idées (Stratégie Oblique de Bryan Eno, songwriting cards, etc.), des photos inspirantes, etc. Il y a beaucoup de choses possible, je développerai ça dans un autre article.
QUEL MATERIEL ?
Voilà les éléments essentiels :
Les instruments : Veillez à ce que tout fonctionne, que vous ayez des cordes de rechanges, etc
Un tableau : grand, pour noter des idées, pour dessiner des formes de mélodie, etc.
UN ENREGISTREUR : un téléphone portable peut faire l’affaire, mais si possible favoriser un enregistreur correct de type Zoom ou Tascam. On ne va pas faire de versions studio, mais il faut que l’enregistrement soit propre et exploitable.
Éventuellement quelques outils de relance, d’inspiration
ON S'INSTALLE COMMENT ?
Par expérience, la disposition en cercle est la plus pratique et évidente pour l’échange et l’écoute.
COMBIEN DE TEMPS DURE NOTRE SEANCE ?
Je pense qu’il est difficile de faire quelque chose qui soit en dessous de 3 heures, pauses comprises.
Il est important de définir le temps précisément afin que tout le monde s’engage à rester sur la totalité de la répétition, sous peine de perdre l’intérêt de la séance.
Il faut préparer le timing de la séance à la minute près , sans oublier les pauses.
Je vous met ici un exemple de planning :
Exemple de séance de 3 heures hors installation matérielle :
Accueil : 15′
Rappel des règles : 10′
Échauffement créatif 20 ‘
Première activité créative 50′
Pause 10 ‘
Deuxième activité créative 35′
Pause 10 ‘
Troisième activité créative 15′
Bilan rapide 15′
Étape 4 : Choisir les outils créatifs
À chaque objectif, une technique créative !
Le choix de la méthode utilisée, ou l’enchaînement de méthodes dépendra principalement du RÉSULTAT attendu !!
Vous trouverez sur www.inspirebienfort.com deux outils concrets à télécharger.
DES DIZAINES DE MÉTHODES DISPONIBLES. Selon Guy Aznar et Anne Bléas, auteurs reconnus dans la créativité, on peut regrouper les techniques en plusieurs grandes familles :
Les méthodes associatives,
Les méthodes analogiques,
Les techniques combinatoires,
Les techniques graphiques,
Les techniques projectives.
Le choix de la méthode dépend du RESULTAT attendu !!
Il faut choisir ses outils en fonction du résultat souhaité.
Quelques exemples de d’objectifs :
15 enregistrements de 4 mesures sur le thème de l’amour,
10 mélodies swings construites et différentes en Si bémol,
Un texte pour une chanson sur l’écologie,
15 versions très différentes du refrain d’un morceau de Rock Progressif,
5 idées de structures pour le single d’un groupe de pop,
etc.
Je ne détaillerai pas toutes les méthodes en détail ici car c’est impossible, mais je vous donnerai régulièrement de nouveaux outils adaptés à vos objectifs. Vous trouverez, deux outils très détaillés, en cadeau à votre inscription à la Newsletter.
La principale erreur serait de choisir une méthode, non pas en fonction de l’objectif, mais plutôt pour sa forme (ludique, dynamique, etc.). Je le dis, puisque j’ai à mes débuts, expérimentais les méthodes pour ce qu’elles étaient plutôt que pour les résultats souhaités.
Il va falloir maintenant que nous abordions les règles du jeu pour la séance.
Étape 5 : Définir les règles
UN CADRES ET DES RÈGLES !
L’idée est de donner les règles du jeu à tous, et de les faire accepter.
Je vous donne ici quelques règles de bases d’une séance de créativité réussie :
PAS DE CENSURE PENDANT LA SÉANCE
Pendant la phase de divergence, on ne censure et ne juge pas les propositions.
Pas de « non mais », mais des « oui et… ».
Attention au langage non-verbal : On évite faire la mou lorsque une idée ne nous plaît pas, etc.
QUANTITÉ SOUHAITÉE
On recherche de la quantité, on ne fait aucun tri.
FANTAISIE
Ne pas se priver d’aller au delà de nos habitudes musicales, TOUT doit être possible.
DÉMULTIPLIER
Rebondir sur les propositions des uns et des autres.
RESPECT DU TEMPS
Le temps est une contrainte essentielle.
TÉLÉPHONES ÉTEINTS !
Les règles doivent être clairement énoncées et validées par tous.
De plus, ne pas censurer, permet d’éviter des propos inquisiteurs sur une idée, qui conduiraient forcement à une situation de mutisme d’un ou plusieurs musiciens.
ENFIN, tout le monde est prêt !!
Rendez-vous la semaine suivante pour le grand jour !
PHASE 2 : LA SÉANCE CRÉATIVE
Étape 1 : Installation
On ne perd pas trop de temps à s'installer !
Anticipez le temps d’installation et de blabla. Soyez rigoureux sur le timing !
Le tableau ou paper-board est-il prêt ? l’enregistreur a des piles ? les instruments sont-ils accordés ? la balance du groupe est-elle faite. Tout le monde est-il installé en cercle ?
Bien installés ? On passe au rappel des règles…
Étape 2 : Rappels
euh...qu'est-ce qu'on avait prévu aujourd'hui ?
Une fois les bises passées, les anecdotes du week-end échangées, il est temps de s’y mettre.
Le leader commence par rappeler les règles, le ou les objectif et le déroulement de la séance (le timing, les pauses, etc.).
Ambiguïté et tolérance : il est important de rappeler que « la tolérance à l’ambiguïté est l’un des critères majeurs de la créativité »(Guy Aznar)
Soyez lourds et insistants !
Ne pas avoir peur de répéter, car il faut que les règles soient claires pour tout le monde, sous peine de ne pas avoir de résultats.
Tout le monde a compris, c’est parti, on se mets derrière nos instruments…
Étape 3 : La purge
On se purge, on se vide !!!
C’est le moment où chacun exprime ses convictions et ses a priori.
La purge libère les idées qui nous habitent pour exprimer des idées plus originales par la suite.
Si la purge n’est pas faite, les musiciens risquent de passer la séance à rester sur leurs positions. Les phases créatives risquent d’être bloquées par des non-dits ou des attentes non exprimées.
Pour organiser la purge, c’est très simple.
- – on reformule l’objectif,
- – chacun fait si il le souhaite, des propositions d’idées qu’il voulait faire,
- – on accepte TOUTES les propositions,
- – on enregistre, on note.
Exemple : c’est au moment de la purge que l’on va dire ce à quoi on avait pensé pour la prochaine composition, que l’on va montrer au groupe les idées que l’on avait déjà, etc.
Une fois la tête vidée, on se lance dans l’échauffement créatif !
Étape 4 : Échauffement créatifs
On passe en mode émergence : c’est à cet instant que le groupe bascule au profit dans la phase créative.
C’est une étape importante, car c’est la porte d’ entrée vers un monde et un fonctionnement inhabituel.
Les jeux de chauffe musicales peuvent être très variées, il s’agit de « chauffer » le cerveau des musiciens. Cet exercice doit être ludique et détendu. Aucune compétition.
Une dizaine de minutes de jeux de chauffe est suffisante.
Je vous proposerai ultérieurement des méthodes de chauffe, mais je vous donne ici 4 jeux de chauffe :
Quelques exemples de chauffe …
1 « Decrescendo collectif » : Le groupe joue tous en même temps quelque chose, un accords, une note, un motif ou autre sans s’être concerté. Le résultat est immédiatement chaotique. Le groupe doit maintenant modifier son matériau sonore pour arriver à une seule et même note jouée à l’unisson.
2 « Steve Reich et ses couches » : Chaque musicien choisit secrètement un chiffre entre 1 et 6. On choisit ensemble une tonalité commune ou un ensemble de notes. Chaque musicien va devoir jouer un plan (mélodique ou harmonique) dont le nombre de pulsations sera égale au chiffre choisi. Tout ceci dans la tonalité donnée. Les musiciens commencent à jouer les uns après les autres.
3 « Le cercle » : Un musicien propose un motif court de 2 ou 3 notes. Les autres jouent en même temps à l’unisson. Quand un musicien veut faire une autre proposition, il en prends l’initiative, et tous les autres se calquent sur la nouvelle proposition.
4 « L’animal », méthode issue de « tonic. » de Scott Hughes (compositeur, guitariste jazz) :
Chacun son tour : le musicien choisit mentalement un animal et improvise une courte pièce de 30 secondes maximum sur cet animal. On demande aux partenaires de deviner quel était l’animal.
Les exemple 1 et 2 sont tirés de la vidéo ‘Composition games ‘de Adam Neely (excellent pédagogue musical) : https://www.youtube.com/watch?v=5a0ill945vs
Le but de la chauffe n'est pas de générer des idées..
Une des erreurs classiques est de considérer la chauffe comme une recherche créative. Ce n’est pas le but, puisque l’exercice est totalement indépendant de l’objectif de la séance,
A cette étape, tous le monde est prêt, on se lance avec les outils choisis !
Étape 5 : Les méthodes de composition et de création
Gérer le temps !
Il va falloir maintenant maintenir les musiciens en alerte pendant toute la séance.
Pour ma part, j’utilise grossièrement, la répartition 60/30/10 (Méthode 60/30/10), cela signifie que l’on découpe la partie en trois sections de temps équivalentes à 60 %, 30% et 10 % du temps. Cela permet d’éviter la fatigue et de maintenir une bonne dynamique du groupe.
Un exemple pour une séance de 2 h d’activité créatives :
1ere partie : 60% du temps d’activité : 50 minutes
Pause : 10 minutes
2ème partie : 30 % : 35 minutes
Pause : 10 minutes
3ème partie : 10 % : 15 minutes
Si le groupe est important (plus de 8 musiciens), il faudra faire des sous groupes en fonction des outils utilisés,
Une mauvaise gestion du rythme de la répétition risque de créer des moments de lassitude, et de fatigue.
A chaque objectif, une méthode !
Il est impossible de lister les centaines de méthodes possibles. il va falloir choisir et adapter les méthodes en fonction des objectifs et des personnes. Je vais cependant partager avec vous pour cet article un ou deux outils.
Voici quelques familles d’outils :
Les notations graphiques : pour découvrir les notations graphiques, penchez-vous sur des compositeurs tels que Iannis Xenakis, Anthony Braxton, and John Cage, Ligetti, etc.
Les méthodes inspirantes : ce sont celles qui donne des points de départ inédits pour la création : « 2 secondes », etc
Les connexions forcées : on croise des concepts qui n’ont rien à voir,
Les changement de point de vue : on se met à la place d’une personne particulière, ou on s’immerge dans un monde inédit à nos habitudes : « Le musicien virtuel », « les scénarios »,
Les contraintes imposées : Stratégies Obliques de Brian Eno, Tonic. de Scott Hugues, Songwriting deck de Friedemann Findeisen, etc…
Le outils de concassage : SCAMPER, etc.
UN CAS PRATIQUE MAINTENANT...
On commence avec un groupe dans un esprit plutôt Chanson Rock, qui a prévu de chercher des idées pour de futurs morceaux. Ils souhaitent enregistrer un album dans les 6 prochains mois. Il sont 6, un batteur (Pierre) une chanteuse (Caroline), un guitariste (Amine), une bassiste (Sabrina), un violoniste (Tobias) et une pianiste (claire).
Claire, la pianiste sera le Leader du groupe, ils en ont discutés. Elle a préparé la séance.
Ils souhaitent enregistrer un album dans les 6 prochains mois. Un maximum de matière est nécessaire pour avoir un répertoire plus conséquent. Ils n’ont en effet que 6 morceaux à l’heure actuelle. Ils sont à la recherche d’harmonies et de mélodies,des idées de refrain si possible. Le groupe est très porté sur l’écologie. Ils ont choisis pour cette séance d’utiliser cette thématique.
L’échauffement est terminé, on passe aux trois parties de la recherche d’idées :
1ère partie : 55 minutes
Deux outils complémentaires seront utilisés pour cette première partie : « Le consultant virtuel» et une « matrice ».
Les 10 premières minutes :
Objectif : Recueillir du contenu écrit, des bribes de phrases, pour alimenter le deuxième outil
Claire a choisi la méthode du « consultant virtuel » : c’est une technique consistant à adopter le point de vue d’un personnage fictif sur une recherche donnée ou une problématique.
Claire attribue au hasard cinq personnages (Barack Obama, une souris, un magicien, Einstein et un présentateur du JT) aux musiciens. Chaque musicien doit ainsi endosser le point de vue que pourrait avoir le personnage sur le thème donné, à savoir l’écologie.
Claire distribue ainsi les cartes à chacun. Les idées sont émises, Claire note tout, sans jugement.
Pierre se devait d’incarner le point de vue d’une souris. Ces propositions sont celles d’une souris qui se dissimule dans des coins inaccessibles, dans des endroits sombres. Bruno, adopte une démarche scientifique dans ces propositions, etc.
Une dizaine de phrases ou mots ou dessins sont inscrits.
On passe à la deuxième phase :
Claire fait un tableau (voir ci-dessous) et liste, en ligne, les propositions faites lors de la pratique du consultant virtuel. Les colonnes sont complétées par des contraintes harmoniques ou mélodiques.
Quelques exemples de contraintes :
uniquement des accords suspendus (Sus 2 ou 4)
une mélodie qui utilise seulement 3 notes
un refrain en question réponse
une mélodie sur les temps faibles des mesures
des mots parlés
tension et résolution !
un court motif de deux notes pour construire la mélodie,
mouvement chromatique entre deux notes ou accords,
des cadences harmoniques (I/VI/II/V, etc.)
une forme de mélodie (une arche, un escalier, etc.)
un seul accord,
syncope d’harmonie : Changement d’accord sur le 2ème ou 4 ème temps ,
etc.
A partir de là, tout va vite : Il faut croiser tous les éléments du tableau et obtenir 25 enregistrements de 10 secondes environ.
Il faut donc mettre un chronomètre, et se donner 1mn30 par duo Thème/Contrainte, enregistrement compris,
Pensez à bien faire des enregistrements séparés et numéroter vos prises.
C’est le moment de la pause : 10 minutes
2ème partie : 35 minutes
On choisit ici d’autres outils complémentaires, sur un temps plus limité. Le groupe peut-être ici divisé en sous-groupes.
Une autre pause : 10 minutes
3ème partie : 15 minutes
Dernière partie. On utilise des outils différents. Prévenir la lassitude, et garder de l’énergie pour ne pas négliger cette dernière partie.
Étape 6 : La fin de séance
Que fait-on des résultats obtenus ?
La séance est terminée. Mais avant que tout le monde se sépare :
– on récupère précieusement les enregistrements,
– on garde les écrits on prends en photo le tableau, les notes,
– on fait un bilan oral (sur les méthodes, les résultats obtenus, l’organisation, l’ambiance) des impressions de chacun. Cela afin de réajuster ultérieurement une future séance,
– on se quitte, sans discuter des résultats obtenus. N’oubliez pas : On diffère le jugement !
Rendez-vous la semaine suivante (ou n’importe quel moment voulu, dans un laps de temps court),
On ne réécoute pas immédiatement, l’écoute se fera en groupe la semaine suivante.
PHASE 3 : L'APRÈS-SÉANCE
Une semaine ou une journée viennent de passer...
ATTENTION ! Il ne faut pas sauter cette étape !
L’important est qu’il y ai eu une rupture entre la phase de divergence et le phase de convergence.
Il est maintenant temps d’exploiter les résultats de la séance.
C’est à cet instant que nous qu’il faut trier les idées, faire des choix et les développer.
Il y a plusieurs manière de procéder pour l’après-séance, je vous détaille en exemple, une manière de faire :
– le groupe se réunit et on se rappelle l’objectif de la séance créative.
– on écoute attentivement, chacun des enregistrements.
– on choisit parmi les dizaines de propositions musicales ou sonore, celles qui semblent le mieux répondre à l’objectif de départ (en général, deux ou trois idées vont ressortir, pas plus). Mais tout est possible !
– on développe les idées choisies pour en faire des propositions abouties. Attention ! Une proposition aboutie n’est un morceau terminée. Cela peut-être un refrain complet, un thème développé, une harmonie avec des voicings choisis, etc. Il faut se rappeler que dans notre exemple, chaque idée était générée en 1mn 30. Il semble évident qu’il faut passer du temps pour obtenir quelque chose de satisfaisant.
L’APRÈS-SÉANCE EST OBLIGATOIRE !
Ce serait une erreur, de s’arrêter aux enregistrements bruts. Il faut impérativement développer et faire grandir les idées pour en faire un matériau exploitable et répondre ainsi aux objectifs que vous vous êtes fixés. Il ne faut pas créer de déception.
EN CONCLUSION
Je sais que tout cela peut sembler complexe et fastidieux. Mais c’est ainsi que vous arriverez à être efficace en composition de groupe. Les méthodes ont fait leurs preuves depuis de nombreuses années dans pleins de domaines.
L’idée n’est pas de tout changer d’un coup du jour au lendemain pour votre groupe ou orchestre.
Essayez de faire une séance avec des objectifs modestes et VOUS VERREZ DES RÉSULTATS.
Vous avez là un mode d’emploi complet pour composer en groupe. Je prévois, dans un futur article de faire la même chose pour le musicien ou le chanteur seul.
Il y a un nombre important d’idées à prendre dans cette article. Faites en un bon usage !
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JF Herzog
3 juin 2020 at 21 h 05 minArticle très intéressant. Mais l’étape 4 laisse plutôt penser à une « chauffe » à orientation musicale. Cette « chauffe » ne pourrait-elle se concevoir dans le domaine de l’écriture (je pense à des jeux pratiqués dans les ateliers d’écriture). Car l’impression générale que donne l’article c’est de mettre l’accent avant tout sur la création musicale,- logique puisque les participants semblent être des instrumentistes, chanteurs etc… –
Avec pour corollaire ce qui a été souvent l’objet de discussions sur Easy zic, à propos de la création de chansons : musique avant paroles ou l’inverse ?
Christophe
3 juin 2020 at 21 h 54 minMerci pour le retour ! Le but de la chauffe est de marquer le début de la phase créative. Je pense que cela pourrait se concevoir dans le domaine de l’écriture. La chauffe n’est pas une pratique uniquement dédiée à la création musicale. On trouve ce type d’exercices dans n’importe quel méthode créative.