21 OUTILS CRÉATIFS POUR COMMENCER VOTRE NOUVELLE COMPOSITION. Partie 1/2

Vous êtes seul, face à votre instrument, votre pièce, et vous ne savez pas quoi faire  ?
Vous vous dispersez, le regard dans le vide…

 

Que vous vous lanciez dans l’écriture d’une chanson ou d’un morceau instrumental, les conseils ci-dessous vous aideront à aborder le début d’une composition.
Je vous fais part ici de techniques et de méthodes que je pense efficaces.

C’est une sélection, il existe d’autres approches, mais elles ne me parlent pas forcement.

Au départ, je voulais faire un seul article, mais je me suis retrouvé avec une grande quantité d’idées, il y aura donc une deuxième partie à cet article très prochainement.

 

L’idée de cette petite liste n’est pas de faire un balayage parfaitement exhaustif car il y a certainement des oublis, mais plutôt de vous permettre de sortir de vos habitudes et de vous aider à vous aventurer vers des approches plus inhabituelles pour vous.

 

Ces approches ont un côté ludique et agréable.


Je reprends dans ce paragraphe beaucoup d’appellations et d’exemples issus d’ouvrages dédiés à la composition (Composition, une autre approche de Hans J.Kullock, Music Composition de Michael Miller, Unlocking creativity, etc.).

Tout ne vous conviendra pas forcement, mais piochez, picorez parmi ces méthodes et expérimentez au maximum.

AVANT DE COMMENCER

Tout d'abord, INSTALLEZ VOUS  CONFORTABLEMENT  !

Vous devez vous assurer que tout ce dont vous aurez besoin sera sous votre main.
N’hésitez pas à considérer les moments de composition comme de véritables séances de travail. Cela aura deux effets. Tout d’abord, votre entourage saura que c’est un instant privilégié pour la composition et qu’il ne faut pas vous déranger. Ensuite, cela permet de vous mettre dans un état d’esprit différent, vous savez que ce moment est entièrement dédié à la création.

Il vous faut tout d’abord anticiper votre séance de composition en limitant toutes les interférences les plus diverses.

Je vous propose une liste non exhaustive de petites choses à vérifier avant votre séance  :

  • Un espace rangé et clair.
  • Un ordinateur accessible.
  • Votre instrument disponible et en état de marche.
  • Du papier, stylo, post-it.
  • Un enregistreur
  • De l’eau, du café, de l’huile, … en gros ce qui vous permettra d’éviter de vous déshydrater.
  • Un timer (sur le téléphone pourquoi pas, mais enlevez toutes les autres notifications).
  • Des outils de relance d’idées (j’en parlerai plus tard mais c’est très agréable d’avoir des manières de relancer l’intérêt et les idées).

Si vous utilisez un logiciel pour enregistrer vos idées  : faites des templates tout prêts (un template pour une guitare et une voix par exemple, un pour une piste audio, une batterie midi et une basse midi, etc)

J’utilise Pomodoro Smart Timer qui permet de gérer des séances de travail et de repos en alternance. Je ne sais pas si ça peut fonctionner pour tout le monde, mais j’aime me donner des contraintes de temps de recherche. Je dois avoir obtenu des résultats en terme d’idées, à la fin d’un temps donné. Cela fonctionne parfaitement pour moi qui ai tendance à m’éparpiller naturellement.

ARRÊTEZ DE VOUS TROUVER DES EXCUSES, DE NE PAS VOUS LANCER OU DE REMETTRE A PLUS TARD.

Si à chaque fois que vous voulez vous lancer dans la création, vous trouvez une excuse, vous êtes victime de ce que Steven Pressfield, dans son livre The war of Art, appelle la résistance.

On prend souvent le chemin qui offre le moins de résistance. On se crée soi-même des obstacles  : Je n’ai pas le bon instrument, il y a trop de bruits, je n’ai absolument pas le temps, etc.

Il y aura toujours une bonne excuse pour ne pas commencer à créer. Votre esprit vous joue des tours pour vous détourner du travail.

Alors que faire  ?
La solution est de s’attribuer clairement des plages horaires dédiées à la création, et de se lancer quoi qu’il arrive.

De plus, évitez le multitâche. Ne faites pas plusieurs choses en même temps.

Il faut avancer par petits pas. Même si vous visez quelque chose d’abouti, il faut commencer. Et peut importe par quoi, il faut simplement COMMENCER.

MÉTHODE 1 : VOLEZ et RÉUTILISEZ CE QUI A DÉJÀ ÉTÉ FAIT.

C’est un peu extrême, mais dans le monde de la musique, tout le monde est influencé. Il y a des emprunts, des plagiats et des vols (lambada de Kaoma et Llorando se fue de Kjarkas, Hate me now de Puff Daddy et Carmina Burana, Russians de sting et Romance de Prokofiev, Gladiator de Hans Zimmer et Mars de Holst, Get free de Lana del Rey et Creep de Radiohead etc.)


Dans cette méthode, il ne s’agira pas, à proprement parler, de voler de la musique, mais plutôt de vous constituer un petit réservoir de matériaux. Il faut emprunter des ingrédients que vous pourrez réutiliser pour une composition future.

 

Pour cela, il va vous falloir analyser un morceau que vous aimez par couches et le déconstruire. Vous disposerez ainsi d’une multitude d’éléments qui seront autant de points de départs, d’idées d’arrangements, etc. à votre disposition pour votre composition.

COMMENT PROCÉDER  ?

ÉTAPE 1  : Faîtes une écoute ACTIVE d'un morceau que vous aimez.

On ferme les yeux et on note…

Bien que vous écoutiez beaucoup de musique, une écoute active n’est pas tout à fait la même chose. Vous écoutez la musique de manière globale, en vous reposant sur le feeling du morceau. C’est très bien, et il faut que vous puissiez continuer à faire ça.

Mais pour s’inspirer et pouvoir réutiliser des éléments d’un morceau, il va falloir se mettre à l’écoute active. À savoir, écouter une pièce de musique, non pas globalement, mais par strates et en détail afin d’en extraire les éléments intéressants à vos yeux.
Il va s’agir d’analyser en fonction de vos aptitudes et de votre expérience.

Reposez vous sur ce que vous êtes capable d’entendre.

Par exemple  : la structure du morceau, la place de la voix, l’harmonie, les tensions et résolutions, etc.
Il est très difficile de se concentrer sur tous les aspects à la fois. Il va donc falloir faire plusieurs écoutes et prendre des notes à chaque fois.

Lancez la lecture et focalisez vous sur un seul élément tout au long de l’écoute.

On déconstruit le morceau sur le papier (il me semble essentiel de prendre des notes, peu importe la manière).

Voici, à titre d’exemple quelques éléments pour des écoutes-couches. Vous n’êtes pas obligé de tout analyser ! Deux ou trois éléments parmi cette liste peuvent vous servir à faire une analyse suffisante pour commencer votre composition sur des bases intéressantes.

Le timbre, les instruments  : on commence par noter les instruments que l’on entends. Il s’agit de tout repérer, même les plus courtes interventions. On ne repère pas les caractéristiques mélodiques, harmoniques ou rythmiques mais plutôt, les timbres des instruments.

La mélodie  : quelles sont les formes de mélodie (la mélodie monte, puis descend  ? ). Dessiner simplement la forme de la mélodie sera très instructif. Quel instrument prend la mélodie principale ? Ressentez-vous des tensions dans la mélodie ?

L’harmonie  : les types d’accords (des accords simples de forme majeure ou mineure ou bien des accords avec des altérations, des couleurs particulières). N’hésitez pas à être libre dans votre manière d’écrire.

Le rythme : quelle est la signature rythmique du morceau  ? Il y a t’il des changements de métrique, quelle tempo  ? Les musiciens jouent-ils au fond du temps  ? En avance  ? Le morceau est-il swingué  ? Plutôt droit  ? Où sont les accents  ?

La production, les effets  : quels sont les effets de spatialisation  ? La répartition des intensités sonores, la réverbération, etc.

La dynamique du morceau,

La forme du morceau,

la structure,

Les éléments qui vous touchent personnellement  : au delà de l’analyse objective et concrète, il y a une part très importante liée à votre ressenti.

Les émotions suscitées par l’écoute  : le malaise, l’amusement, l’émerveillement, l’énergie, la confusion, la joie, la peur, la satisfaction, la sérénité, l’étonnement, la nostalgie, la surprise, etc.

ÉTAPE 2 : se réapproprier.

Regardez vos notes et oubliez le morceau initial.

 

Il est vraiment important de se détacher du morceau initial, et de ne pas être strict quant à la réinterprétation de ce que vous avez écrit. Ce ne sont là que des éléments séparés, changer leur forme, ajustez les.


Piochez quelques uns de ces ingrédients et tentez de les assembler différemment pour faire votre propre cuisine.

 

C’est sur la base de ces ingrédients sélectionnés que vous aller commencer votre nouvelle création.


Ne jetez pas vos notes une fois le morceau commencé, elles vous serviront peut-être plus tard, dans un autre contexte.

LES ERREURS à éviter  :

N’essayez pas de faire une analyse parfaite, notez ce qui apparaît à vos oreilles.

 

L’idée n’est pas de faire un exposé technique ou un commentaire d’écoute, mais plutôt d’être capable de mettre un nom sur des procédés, des sensations, des sonorités et d’avoir ainsi à sa disposition des ingrédients que l’on pourra réutiliser à n’importe quelle occasion.

De mon côté, j’ai souvent à mes côtés un petit carnet sur lequel je note des éléments qui me plaisent dans certains morceaux, cela peut-être des formes de mélodies, des grooves rythmiques, des harmonies particulières ou bien tout simplement des idées d’arrangement. J’avais repris cette idée à David Fiuczynski un guitariste pédagogue de New York.

MÉTHODE 2 : Les 2 secondes.

Utilisez un extrait de 2 secondes comme point de départ  : méthode extrêmement simple mais très efficace.

ÉTAPE 1 :

Ouvrez un service de streaming (Spotify, etc.) et choisissez au hasard un style musical qui vous convient.


Sélectionnez un morceau que vous ne connaissez pas.


Écoutez 2 secondes d’introduction du morceau et arrêtez immédiatement. Ecoutez plusieurs fois cette introduction.

ÉTAPE 2 :

Imaginez la suite de ces 2 secondes.


Construisez à partir de cette texture, de ces mots, de ces notes. Si ça ne fonctionne pas, prenez simplement un autre morceau  !


Vous pouvez aussi choisir un morceau de manière aléatoire dans une playlist. L’important étant que vous ne connaissiez pas le morceau.

J’ai emprunté cette méthode à David Bruce, compositeur. Pour l’avoir expérimenté et fait expérimenté à mes groupes, cela fonctionne plutôt facilement. Les résultats sont étonnants.

MÉTHODE 3 : Le film

Donnez un titre à votre composition avant même de commencer.

Cela vous ouvre alors un monde imaginaire dans lequel vous allez évoluer.

 

Les mots évoqueront inévitablement des émotions, des images. Il est alors plus facile de créer la «  bande-son  » de votre titre.

 

Vous êtes alors sur un chemin tout tracé pour commencer votre morceau.

MÉTHODE 4 : L'apprenti musicien

Composez à partir d’un instrument que vous maîtrisez moins. Voir même que vous n’avez jamais touché.

 

Pour certains musiciens non pianistes, il est très fréquent d’utiliser le piano pour  générer des idées de composition différentes. Si un guitariste utilise un piano pour composer, je vous assure que les  résultats seront obligatoirement différents.

 

Mais pourquoi ne pas utiliser une flûte pour trouver un thème, un violon, un jouet pour enfant, etc.


L’idée n’est pas de maîtriser l’instrument, mais plutôt d’avoir une contrainte qui vous sorte de votre zone de confort.

MÉTHODE 5 : Commencer par la structure

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On parle ici de l’organisation et l’imbrication des différentes parties entre elles.

Quelques exemples de structures et de formes  :

Groove-song : c’est la forme de base de la musique funk et de l’electro, disco, etc.
L’objectif est de faire danser les gens, la dimension rythmique prend le dessus.
Billy Jean de Mickael Jackson ou Good Time de Chic en sont de bon exemples.

Loop-songs  : des morceaux à la cellule harmonique constante tout le long du morceau, une sorte d’ostinato harmonique.

Quelques exemples  : With or without you de U2 (1987),

Hit the Road Jack de Ray Charles (1961).

Blues  : traditionnellement les formes de blues sont à 12 mesures, mais on trouve aussi une grande quantité de blues à 8, 16 mesures.

Quelques exemples  :

12 mesures  : Jeff Beck, Rock my Plimsoul, Eric Clapton, I’m tore down

8 mesures  : Billy Eilish Bad Guy (et oui, je mets ce morceau dans la catégorie des structures blues !) Freddies King, Key to the highway.

Les formes «  couplets et refrains  » : ici tout est possible, même si il y a quand même des choses qui fonctionnent mieux que d’autres.

Dans cette catégorie, on retrouve les morceaux de type Broadway.

On fait ici référence à des morceaux qui sont issus de l’industrie musicale américaine du début du XXème siècle. (Tin pan Alley).

Ce sont des morceaux à 32 mesures. La forme caractéristique est AABA avec chaque partie faisant 8 mesures. Pour plus d’informations sur Tin pan Alley  : ici
Hey Jude ou Love me do des Beatles.

MÉTHODE 6 : L'inversion

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Le groupe ou l’artiste seul souhaite composer une pièce avec une finalité particulière (s’exprimer sur un sujet qui nous touche, permettre aux public de voyager, surprendre les auditeurs, se faire du bien à soi-même, faire danser les gens, etc.).


Il faut renverser l’objectif et lister tout ce qui permettrait de ne pas atteindre cet objectif.

ÉTAPE 1 : cherchez la finalité de votre morceau, écrivez là.

Exemple  : je souhaite composer un morceau pour faire danser le public.

ÉTAPE 2 : Listez tout ce qu'il faudrait faire pour rater cet objectif.

Exemple  : pour ne pas faire danser le public, mon morceau change de métrique toutes les 2 mesures, il n’y a pas de grosse caisse, il est imprévisible, il est extrêmement court, le morceau est joué très droit,

ÉTAPE 3 : Renverser les solutions.

Exemple  : mon morceau a une métrique simple, la grosse caisse est très présente, les harmonies ne modulent pas, il dépasse les 5 minutes, le groove est joué avec swing.

Il est important de passer un minimum de temps sur l’étape 2 pour avoir un maximum d’éléments.

Mais alors, pourquoi renverser le problème, alors qu’un simple brainstorming suffirait ? Tout simplement car nous n’obtenons pas les mêmes types de résultats en renversant la question.

MÉTHODE 7 : Ambiance...

Allez sur le site http://everynoise.com/
Ce site vous propose d’écouter de manière plus ou moins aléatoire des morceaux de styles très différents. Il est une très source d’inspiration pour commencer une création.

 

Pensez à vous inspirez d’éléments qui vous touchent dans ce que vous écoutez.


Choisissez un morceau au hasard et tentez de faire quelque chose de proche, ou pas.

MÉTHODE 8 : Groove.

Commencez avec un groove, un rythme à base de percussions, batteries, etc. 

Là, tout est possible. Si vous êtes seul, il existe des tonnes d’applications, de logiciels capables de vous jouer sans la moindre fatigue un pattern rythmique et vous permettre de vous lancer dans votre création.

Si en plus, vous connaissez, un musicien percussionniste ou batteur, capable de vous proposer des patterns rythmiques pour commencer votre morceau, vous êtes alors le plus heureux des constructeurs de débuts de morceaux.

MÉTHODE 9 : Papier et crayon

Pour les musiciens à l’aise avec le solfège, cela peut-être une évidence, mais c’est tout autant intéressant pour les autres.

 

C’est justement pour les musiciens qui ne sont pas à l’aise avec les notations écrites (solfège), qu’il est intéressant de passer par l’écrit. Vous trouverez vos propres manières d’écrire votre musique. En effet, il va s’agir de penser votre morceau dans sa globalité avec des notations qui vous seront propres.

 

Peut-importe la justesse de votre notation, ils s’agit de dessiner, écrire, afin d’imaginer votre morceau.

 

Grâce à cela, vous disposerez d’une partition personnelle vous permettant d’aller au delà de ce que vous faîtes habituellement.

Cette méthode me parle, puisque, avant d’apprendre le solfège, j’ai commencé mon apprentissage en autodidacte. Lorsque j’ai commencé à composer,  je n’avais à cette époque aucune notion d’écriture musicale. J’ai du me créer des systèmes de notation très singuliers afin de noter mes idées et créer mes morceaux.

MÉTHODE 10 : Les poings liés.

Vous allez devoir vous créer vous même, de manière arbitraire, un cadre.

La plupart des méthodes de cette liste sont des méthodes basées sur des contraintes. Dans cette méthode, il s’agit de se donner un cadre de manière très simple.

Vous évoluerez au sein de ce cadre pour composer.

Je cite en exemple le morceau de Niccolo Paganini « Variations sur une seule corde » (à écouter ici). C’est un morceau  joué au violoncelle sur une seule corde.

Si vous réalisez pendant votre travail de composition que les contraintes deviennent trop handicapantes, il ne faut pas hésiter à les alléger.

Quelques exemples de contraintes  :

Restreindre vos possibilités instrumentales (composition à une main pour piano, composer sur une seule corde de guitare, n’utiliser qu’un réservoir de 4 notes,  etc.),
Composer une chanson en 2 h,
Un seul accord pour morceau, travailler sur le timbre,

MÉTHODE bonus : Le déménagement.

Déménagez dans un pays froid et pluvieux. Vous sortirez moins et pourrez par conséquent passer plus de temps enfermé pour composer. En théorie… 🙂

 

Fin de la première partie...

Conclusion

C’est la fin de la première partie. La suite de cet article paraitra très prochainement.

 

L’important, selon moi, me semble être de rester enclin à l’expérimentation, et de prendre plaisir à essayer ces méthodes. Tout ne vous conviendra pas, c’est certain. Mais essayez pour vous, pour votre chorale, votre groupe, vos élèves, etc.

 

Vous verrez des résultats sur votre comportement face à la composition.

 

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